L'avenir de nos légumes et céréales
En
France, le catalogue
des espèces et variétés de plantes cultivées est
créé en 19321,
et géré par le Comité de contrôle des semences. Il permet
d'éviter, dans la profusion de semences,
que les différentes variétés soient vendues sous le même nom, ou
qu’une même variété ait des appellations différentes. Il
clarifie l’offre et protège l’utilisateur qui est ainsi assuré
de l'identité de
la semence qu’il
achète. Avant la création du Catalogue la réglementation
s'appuyait sur la création d'une station
nationale d'essais de semences en
1884 et sur la loi sur la répression des fraudes de 1905; le premier
règlement concernant une semence fut l’arrêté du 13 avril 1934
concernant la pomme de terre. (II faut rappeler aussi la
réglementation sur les hybrides
producteurs directs).
Le
blé fait l'objet d'un premier catalogue de variétés en 19332,
puis l'avoine (1934), l'orge (1937), la pomme de terre… Les espèces
potagères (1952), la vigne (1960) et les espèces fruitières
(1961)2.
En
1942, le Comité de contrôle des semences est remplacé par
le Comité
technique permanent de la sélection (CTPS),
composé de représentants des semenciers, de la recherche et de
l’État. Il est chargé de la gestion du Catalogue.
D'après
le décret du 11 juin 1949, seules peuvent être commercialisées les
semences issues de variétés inscrites au Catalogue officiel
(cependant l'utilisation de semences non inscrites est toujours
permise, pour autant qu'elles ne sortent pas de la ferme). Quelques
espèces, les espèces dites "non réglementées", comme le
millet, échappent toutefois aujourd'hui encore à cette obligation;
l'asperge de "non réglementée" est devenue une espèce
réglementée en 19953.
Le
décret du 22 janvier 1960 permet d’exclure du Catalogue des
variétés inscrites auparavant lorsqu’elles ne répondent plus aux
nouveaux critères. En outre, il limite à 10 ans la durée de
l’inscription des variétés au catalogue et en renforce les
épreuves d’admission.
La
dernière version de cette réglementation date du Décret 81-605 du
18 mai 1981, (J.O. Du 20 mai 1981). Il stipule que : « Le
ministre de l’agriculture tient un catalogue comportant la liste
limitative des variétés ou types variétaux dont les semences et
plants peuvent être mis sur le marché sur le territoire national.
L’inscription sur le catalogue est subordonnée à la triple
condition que la variété soit distincte, stable et suffisamment
homogène». Ce décret est « pris pour l'application de la loi
du 1er août
1905 sur les fraudes et falsifications en matière de produits et
services, en ce qui concerne le commerce des semences et des
plants ».
Les
arrêtés du 22 juillet 1992 et du 30 août 1994 créent des listes
de variétés à usages industriels réservés dérogeant aux règles
classiques d’inscription.
Le
Catalogue officiel français comporte deux listes principales,
distinctes : liste A : variétés dont les semences peuvent
être commercialisées en France ; liste B : variétés
dont les semences peuvent être multipliées en France en vue de leur
exportation hors de l’Union Européenne.
Test
DHS
DHS pour
"Distinction, Homogénéité, Stabilité" prouvant que la
variété proposée est distincte des variétés existantes (donc
nouvelle), homogène (constituée de plantes identiques) et stable
("si elle conserve, pendant sa durée de commercialisation, ses
caractéristiques telles que décrites au moment de l'homologation de
la variété. Une façon de vérifier si une variété est stable
consiste à comparer régulièrement les lots de semences qui
circulent à l'échantillon de référence détenu par le GEVES, et
de vérifier si les lots sont identiques à la référence ou pas"4).
Le
droit français laisse libre à tout un chacun de semer et récolter
pour sa consommation ou son usage personnel toutes espèces
végétales, hors espèces considérée localement comme nuisibles ou
pouvant porter atteinte à l'équilibre écologique local. De même,
tout jardinier amateur peut récolter des semences,
issues de sa propre culture à toutes fins de culture ultérieure
sans en avoir à référer à quiconque, y compris aux possibles
ayants droit de l'espèce inscrite dont seraient issues les semences.
En revanche, le droit français interdit la vente de ces semences, de
même que les échanges de semences entre paysans, qui sont assimilés
par le Ministère de l'agriculture à des ventes dissimulées8.
Cette disposition est interprétée comme "disproportionnée"
par l'avocat général de la Cour de Justice Européenne de
Luxembourg dans l'affaire C-59/11 Association Kokopelli contre
Graines Baumaux SAS9.
Mais les juges ne sont pas tenus par l'avis de l'Avocat Général,
comme d'ailleurs en droit interne français.
Certains
acteurs (associations et groupements de paysans) estiment que ce
Catalogue n'est pas adapté à toutes les réalités du monde
agricole, pouvant même nuire à la sauvegarde de la biodiversité,
de même que les dispositions récentes imposant des provenances
certifiées (perte de diversité génétique) pour les plants
forestiers destinés aux plantations paysagères ou à
la sylviculture10 .
Par ailleurs, ils estiment que le coût de l’inscription (pour une variété de céréales : plus de 6 000 €, auxquels il faut ajouter le maintien au catalogue : plus de 2 000 € pour les 10 premières années) dissuade l’inscription des variétés issues de sélections paysannes qui concernent des volumes limités.
Par ailleurs, ils estiment que le coût de l’inscription (pour une variété de céréales : plus de 6 000 €, auxquels il faut ajouter le maintien au catalogue : plus de 2 000 € pour les 10 premières années) dissuade l’inscription des variétés issues de sélections paysannes qui concernent des volumes limités.
Dissensus :
différents acteurs ont des conceptions parfois opposées de la
notion de qualité des semences,
et des plantes ; les uns la conditionnant à une stabilité des
caractéristiques variétales et donc du génome (ce
qui facilite la standardisation), les autres appréciant au contraire
des variétés plus souplement adaptables à des biotopes et
des contextes changeants, ce qui peut se traduire par une moindre
fixité des caractères de la variété mais compensée par une plus
grande diversité
génétique et résilience
agro-écologique.
Enfin,
les détracteurs du catalogue tel qu'il est conçu, arguent aussi que
le catalogue officiel contribue à la confiscation ou privatisation
du vivant, au détriment des plus pauvres (y compris notamment en
France), et au profit des entreprises multinationales de
l'agroalimentaire.
On
peut se poser la question de savoir si on pourra, d’ici quelques
années, avoir encore le droit de faire son potager
Pourquoi
une banque
de semences
Consciente
de l’existence d’un patrimoine alimentaire qui nous échappe et
disparaît un peu plus chaque jour, l’association Savoirs de
Terroirs met en place une banque alternative de semences libérées
où chaque adhérent devient l’acteur de la sauvegarde de nos
variétés paysannes.
Parce que nous voulons choisir ce que nous mangeons, parce que nous avons le droit à l’autonomie alimentaire, nous pensons que la création d’un vaste réseau d’échange de semences national rendra aux consommateurs la connaissance du monde végétal et le droit au libre arbitre.
Contexte d’une réglementation des semences
En France et en Europe, une semence peut être commercialisée si elle est inscrite au catalogue officiel français ou européen. Cette législation fut mise en place en 1961 avec la création d’un organisme international : l’UPOV, l’Union pour la Protection des Obtentions Végétales, dont le but est de promouvoir et de coordonner les législations du monde relatives aux brevets sur les nouvelles variétés de plantes potagères, céréalières, fourragères et arbres fruitiers. Désormais, les semences ne font donc plus partie du domaine public et un risque majeur plane sur leur survie. Les variétés présentes au catalogue officiel peuvent être nombreuses selon les espèces, mais ce panel s’oppose aux règles inaliénables de la biodiversité : l’évolution.
En effet si un agriculteur veut vendre une variété, celle-ci doit passer des tests auprès du GEVES (groupe d’études de variétés de semences) afin de répondre à une réglementation précise. Le test DHS (Distinction Homogénéité Stabilité) permet de vérifier que la variété est bien distincte des variétés déjà inscrites, de vérifier que l’échantillon de semences est composé de sujets ayant des caractéristiques communes, de s’assurer que la variété restera la même quel que soit le terroir. Le test VAT consiste à calculer la Valeur Agronomique et Technologique et d’évaluer l’amélioration par rapport aux valeurs existantes.
Le professionnel devra payer la somme de 7500 € par variété pour voir sa variété inscrite au catalogue officiel, ce qui, bien sûr, exclut les petits semenciers et favorise la mise en place d’un lobbying de semence dirigé par les plus puissants. L’élaboration d’un système de brevet sur le patrimoine vivant a permis aux multinationales de s’intéresser à un secteur qu’elles avaient jusqu’ici épargné et de créer ainsi une dépendance forcée des petits vers les grands.
La mise en place d’un monopole
La législation qui sévit depuis la création de l’UPOV dans les années 70 a en effet propulsé les plus gros sur le devant. Prenons l’exemple de l’Angleterre où la loi de 1973 « seeds regulation » interdit la vente des variétés non inscrites au catalogue européen. Spontanément, des jardiniers amateurs se montèrent en association pour sauver les variétés non commercialisables. Malheureusement leurs actions intervinrent quelque temps trop tard et la plupart des variétés potagères qu’ils espéraient sauver avait disparu. Le groupe Royal dutch shell avait déjà racheté 74 compagnies productrices de semences en Angleterre et devint la plus grosse firme d’agro chimie.
Aujourd’hui quelques grosses firmes régissent le monde des semences :DuPont ( société biotechnologique), qui vient de créer une nouvelle association avec la société pétrolière BP afin de produire et commercialiser une nouvelle génération de biocarburant à partir de culture transgénique dont celle du soja RR qui couvre déjà de vastes étendues en Argentine, au Paraguay, en Uruguay et au Brésil.Syngenta : «Entreprise biotechnologique détentrice des brevets sur les semences de maïs transgénique commence à essayer des variétés transgéniques spécifiquement conçues pour la production de biocarburants. « Elle a mis au point un enzyme alpha-amilase exprimé dans le maïs 3272 qui, mélangé à du maïs traditionnel, est destiné à la production d’éthanol. Or l’enzyme alpha-amilase a été identifié comme un allergène important. Si les gènes qui le synthétisent réussissent à s’introduire dans la chaîne alimentaire, nous nous retrouverons devant une protéine susceptible d’avoir sur la physiologie humaine des effets inattendus. »Monsanto : Principal bénéficiaire des cultures transgéniques percevra des redevances sur la vente de ses semences transgéniques brevetées et sur le produit de la récolte.Limagrain : Petite coopérative du Puy de Dôme qui a fait sa fortune grâce aux maïs hybrides F1 de l’Inra. L’année dernière une culture OGM en plein champs de Limagrain fut détruite par le collectif des faucheurs volontaires. (Consultez rebelyon.fr pour plus d’informations)
Mais également Shell Oil, Occidental Petroleum,… Les petits producteurs de semences potagères ont tous peu à peu disparu. Limagrain en France a racheté les 3 plus gros et plus anciens : Vilmorin, Tézier et Clause.
Ce sont ces mêmes puissances commerciales qui ont une mainmise sur les secteurs de la fertilisation et des produits phytosanitaires, permettant ainsi de jongler avec tous les marchés qu’ils possèdent, comme la création de semences dépendantes d’engrais et de pesticides. (Sachant qu’aujourd’hui d’une part les pesticides sont responsables d’une haute pollution des sols et que d’autre part la croissance d’une plante dans les pesticides finit par la rendre sensible à toutes les maladies : un peu comme le principe des antibiotiques chez l’homme). Tous les maillons de la chaîne sont alors contrôlés par les mêmes multinationales.
Disparition des variétés paysannes
En se concentrant sur une législation qui autorise la vente exclusive des variétés sur catalogue officiel, les variétés paysannes, anciennes, de terroirs, sont alors effacées aux yeux du consommateur par les nouvelles variétés légales.
Actuellement « d’extraordinaires pressions économiques et législatives sur les jardiniers et paysans imposent progressivement l’idée d’une utilisation généralisée de semences de variétés brevetées. Mais ce projet agro-industriel mène à une impasse écologique et sociale totale ».
« Aux Etats-Unis, 95 % des variétés de choux, 91 % des variétés de maïs, 94 % des variétés de pois et 81 % des variétés de tomates cultivées au siècle dernier ont été perdues.
En Ethiopie, les espèces indigènes d'orge souffrent d'érosion génétique grave et le blé dur est en voie de disparition. Les pays andins enregistrent une érosion massive des variétés locales de cultures indigènes et de plantes sauvages apparentées à des plantes cultivées.
En Uruguay, beaucoup de variétés autochtones de légumes et de blé ont été remplacées.
Au Chili, on signale des pertes de variétés locales de pomme de terre, ainsi que de seigle, d'orge, de lentilles, de pastèques, de tomates et de blé.
En France 80% des variétés potagères inscrites au catalogue officiel en 1960 ont disparu au profit de variétés hybrides. » (Extrait du dossier semences de B.E.D.E. Montpellier 2005).
Tableau : Légumes à dominante allogame pour lesquels il existe des variétés hybrides F1 (exemples)
Les variétés doivent répondre à des exigences de rendement mais également à des exigences commerciales. Pour cela le GNIS met en place des hybrides F1 : il s’agit de plantes issues de parents génétiquement différents qui ont été « travaillées » pour une grande homogénéité et une apparence visant la perfection (couleur, calibre, etc.) guidant ainsi le consommateur vers des faux choix alimentaires. Ces variétés hybrides F1 donneront elles-mêmes des semences peu stables, hétérogènes ou dégénérées, opposées aux tests (DHS - VAT) applicables aux variétés brevetées. L’agriculteur se voit ainsi dans l’obligation de racheter sa semence chaque année. Alors que le paysan d’hier conservait une partie de sa récolte pour sa semence de l’année suivante, l’agriculteur d’aujourd’hui devient dépendant d’un système dont il ne peut plus sortir.
Rappelons tout de même que l’hybride existe à l’état naturel : lorsque deux individus de la même espèce mais de variétés différentes fleurissent en même temps non loin l’un de l’autre, ils peuvent se féconder et donner naturellement naissance à une population hybridée et hétérogène.
Droit à l’information
Les catalogues internationaux restreignent les droits aux échanges des végétaux non labélisés. De ce fait, ils favorisent les échanges informels de semences dans des réseaux parallèles. L’absence presque totale d’éducation à ce patrimoine mondial, alors que la plupart des variétés locales n'ont jamais fait l’objet de descriptions publiées, implique une perte de la diversité par méconnaissance du matériel végétal échangé. Les maraîchers, pépiniéristes, semenciers qui ne respectent pas la loi et vendent un éventail important de variétés ne sont pas capables d’évaluer ni de maintenir la diversité des variétés appartenant au patrimoine commun faute de documentation adéquate. De ce fait, on retrouve des variétés, inscrites très légalement dans des catalogues officiels et déposées par des mainteneurs, vendues ou échangées comme variétés rares ou en voie de disparition. De la même façon, des variétés non inscrites se retrouvent à la vente comme des variétés autorisées.
L'absence d'un matériel pédagogique adapté rend difficile l’éducation du public à la diversité (sur 100 variétés de courges présentées en sachets lors de réunions d’échange, 95% des gens ne prennent que ce qu’ils connaissent, le potimarron, au détriment des 99 autres variétés pourtant souvent plus goûteuses). Un effort immense de communication est à réaliser pour permettre au public de se réapproprier ce savoir-faire et de redécouvrir les plantes adaptées à ces savoirs.
La résistance s’organise. Des actions qui ont pour but de sauver notre patrimoine végétal fleurissent aux quatre coins de la France. Nous devons communiquer, échanger et nous soutenir pour que la résistance soit plus forte.Association Savoirs de Terroirs
M. Challaye Patrick
Mlle Bona Magali
Balseli@orange.fr
Parce que nous voulons choisir ce que nous mangeons, parce que nous avons le droit à l’autonomie alimentaire, nous pensons que la création d’un vaste réseau d’échange de semences national rendra aux consommateurs la connaissance du monde végétal et le droit au libre arbitre.
Contexte d’une réglementation des semences
En France et en Europe, une semence peut être commercialisée si elle est inscrite au catalogue officiel français ou européen. Cette législation fut mise en place en 1961 avec la création d’un organisme international : l’UPOV, l’Union pour la Protection des Obtentions Végétales, dont le but est de promouvoir et de coordonner les législations du monde relatives aux brevets sur les nouvelles variétés de plantes potagères, céréalières, fourragères et arbres fruitiers. Désormais, les semences ne font donc plus partie du domaine public et un risque majeur plane sur leur survie. Les variétés présentes au catalogue officiel peuvent être nombreuses selon les espèces, mais ce panel s’oppose aux règles inaliénables de la biodiversité : l’évolution.
En effet si un agriculteur veut vendre une variété, celle-ci doit passer des tests auprès du GEVES (groupe d’études de variétés de semences) afin de répondre à une réglementation précise. Le test DHS (Distinction Homogénéité Stabilité) permet de vérifier que la variété est bien distincte des variétés déjà inscrites, de vérifier que l’échantillon de semences est composé de sujets ayant des caractéristiques communes, de s’assurer que la variété restera la même quel que soit le terroir. Le test VAT consiste à calculer la Valeur Agronomique et Technologique et d’évaluer l’amélioration par rapport aux valeurs existantes.
Le professionnel devra payer la somme de 7500 € par variété pour voir sa variété inscrite au catalogue officiel, ce qui, bien sûr, exclut les petits semenciers et favorise la mise en place d’un lobbying de semence dirigé par les plus puissants. L’élaboration d’un système de brevet sur le patrimoine vivant a permis aux multinationales de s’intéresser à un secteur qu’elles avaient jusqu’ici épargné et de créer ainsi une dépendance forcée des petits vers les grands.
La mise en place d’un monopole
La législation qui sévit depuis la création de l’UPOV dans les années 70 a en effet propulsé les plus gros sur le devant. Prenons l’exemple de l’Angleterre où la loi de 1973 « seeds regulation » interdit la vente des variétés non inscrites au catalogue européen. Spontanément, des jardiniers amateurs se montèrent en association pour sauver les variétés non commercialisables. Malheureusement leurs actions intervinrent quelque temps trop tard et la plupart des variétés potagères qu’ils espéraient sauver avait disparu. Le groupe Royal dutch shell avait déjà racheté 74 compagnies productrices de semences en Angleterre et devint la plus grosse firme d’agro chimie.
Aujourd’hui quelques grosses firmes régissent le monde des semences :DuPont ( société biotechnologique), qui vient de créer une nouvelle association avec la société pétrolière BP afin de produire et commercialiser une nouvelle génération de biocarburant à partir de culture transgénique dont celle du soja RR qui couvre déjà de vastes étendues en Argentine, au Paraguay, en Uruguay et au Brésil.Syngenta : «Entreprise biotechnologique détentrice des brevets sur les semences de maïs transgénique commence à essayer des variétés transgéniques spécifiquement conçues pour la production de biocarburants. « Elle a mis au point un enzyme alpha-amilase exprimé dans le maïs 3272 qui, mélangé à du maïs traditionnel, est destiné à la production d’éthanol. Or l’enzyme alpha-amilase a été identifié comme un allergène important. Si les gènes qui le synthétisent réussissent à s’introduire dans la chaîne alimentaire, nous nous retrouverons devant une protéine susceptible d’avoir sur la physiologie humaine des effets inattendus. »Monsanto : Principal bénéficiaire des cultures transgéniques percevra des redevances sur la vente de ses semences transgéniques brevetées et sur le produit de la récolte.Limagrain : Petite coopérative du Puy de Dôme qui a fait sa fortune grâce aux maïs hybrides F1 de l’Inra. L’année dernière une culture OGM en plein champs de Limagrain fut détruite par le collectif des faucheurs volontaires. (Consultez rebelyon.fr pour plus d’informations)
Mais également Shell Oil, Occidental Petroleum,… Les petits producteurs de semences potagères ont tous peu à peu disparu. Limagrain en France a racheté les 3 plus gros et plus anciens : Vilmorin, Tézier et Clause.
Ce sont ces mêmes puissances commerciales qui ont une mainmise sur les secteurs de la fertilisation et des produits phytosanitaires, permettant ainsi de jongler avec tous les marchés qu’ils possèdent, comme la création de semences dépendantes d’engrais et de pesticides. (Sachant qu’aujourd’hui d’une part les pesticides sont responsables d’une haute pollution des sols et que d’autre part la croissance d’une plante dans les pesticides finit par la rendre sensible à toutes les maladies : un peu comme le principe des antibiotiques chez l’homme). Tous les maillons de la chaîne sont alors contrôlés par les mêmes multinationales.
Disparition des variétés paysannes
En se concentrant sur une législation qui autorise la vente exclusive des variétés sur catalogue officiel, les variétés paysannes, anciennes, de terroirs, sont alors effacées aux yeux du consommateur par les nouvelles variétés légales.
Actuellement « d’extraordinaires pressions économiques et législatives sur les jardiniers et paysans imposent progressivement l’idée d’une utilisation généralisée de semences de variétés brevetées. Mais ce projet agro-industriel mène à une impasse écologique et sociale totale ».
« Aux Etats-Unis, 95 % des variétés de choux, 91 % des variétés de maïs, 94 % des variétés de pois et 81 % des variétés de tomates cultivées au siècle dernier ont été perdues.
En Ethiopie, les espèces indigènes d'orge souffrent d'érosion génétique grave et le blé dur est en voie de disparition. Les pays andins enregistrent une érosion massive des variétés locales de cultures indigènes et de plantes sauvages apparentées à des plantes cultivées.
En Uruguay, beaucoup de variétés autochtones de légumes et de blé ont été remplacées.
Au Chili, on signale des pertes de variétés locales de pomme de terre, ainsi que de seigle, d'orge, de lentilles, de pastèques, de tomates et de blé.
En France 80% des variétés potagères inscrites au catalogue officiel en 1960 ont disparu au profit de variétés hybrides. » (Extrait du dossier semences de B.E.D.E. Montpellier 2005).
Tableau : Légumes à dominante allogame pour lesquels il existe des variétés hybrides F1 (exemples)
Catalogue
de 1979
|
Catalogue
de 2003
|
||||
Non
hybride
|
Hybride
|
Non
hybride
|
Hybride
|
Vari?t?
ancienne
|
|
Carotte
|
41
|
6
|
12
|
66
|
4
|
Chou-fleur
|
92
|
0
|
17
|
83
|
2
|
Courgette
|
10
|
17
|
8
|
75
|
0
|
Autres
courges
|
0
|
0
|
28
|
||
Melon
|
29
|
5
|
8
|
249
|
13
|
Radis
|
65
|
1
|
42
|
16
|
2
|
Source
: DELMOND F., ZAHARIA H., 2004, Variétés potagères menacées, in
Réseau Semences Paysannes, n°4, Janvier, p. 3-4.
Apparition
des hybridesLes variétés doivent répondre à des exigences de rendement mais également à des exigences commerciales. Pour cela le GNIS met en place des hybrides F1 : il s’agit de plantes issues de parents génétiquement différents qui ont été « travaillées » pour une grande homogénéité et une apparence visant la perfection (couleur, calibre, etc.) guidant ainsi le consommateur vers des faux choix alimentaires. Ces variétés hybrides F1 donneront elles-mêmes des semences peu stables, hétérogènes ou dégénérées, opposées aux tests (DHS - VAT) applicables aux variétés brevetées. L’agriculteur se voit ainsi dans l’obligation de racheter sa semence chaque année. Alors que le paysan d’hier conservait une partie de sa récolte pour sa semence de l’année suivante, l’agriculteur d’aujourd’hui devient dépendant d’un système dont il ne peut plus sortir.
Rappelons tout de même que l’hybride existe à l’état naturel : lorsque deux individus de la même espèce mais de variétés différentes fleurissent en même temps non loin l’un de l’autre, ils peuvent se féconder et donner naturellement naissance à une population hybridée et hétérogène.
Droit à l’information
Les catalogues internationaux restreignent les droits aux échanges des végétaux non labélisés. De ce fait, ils favorisent les échanges informels de semences dans des réseaux parallèles. L’absence presque totale d’éducation à ce patrimoine mondial, alors que la plupart des variétés locales n'ont jamais fait l’objet de descriptions publiées, implique une perte de la diversité par méconnaissance du matériel végétal échangé. Les maraîchers, pépiniéristes, semenciers qui ne respectent pas la loi et vendent un éventail important de variétés ne sont pas capables d’évaluer ni de maintenir la diversité des variétés appartenant au patrimoine commun faute de documentation adéquate. De ce fait, on retrouve des variétés, inscrites très légalement dans des catalogues officiels et déposées par des mainteneurs, vendues ou échangées comme variétés rares ou en voie de disparition. De la même façon, des variétés non inscrites se retrouvent à la vente comme des variétés autorisées.
L'absence d'un matériel pédagogique adapté rend difficile l’éducation du public à la diversité (sur 100 variétés de courges présentées en sachets lors de réunions d’échange, 95% des gens ne prennent que ce qu’ils connaissent, le potimarron, au détriment des 99 autres variétés pourtant souvent plus goûteuses). Un effort immense de communication est à réaliser pour permettre au public de se réapproprier ce savoir-faire et de redécouvrir les plantes adaptées à ces savoirs.
La résistance s’organise. Des actions qui ont pour but de sauver notre patrimoine végétal fleurissent aux quatre coins de la France. Nous devons communiquer, échanger et nous soutenir pour que la résistance soit plus forte.Association Savoirs de Terroirs
M. Challaye Patrick
Mlle Bona Magali
Balseli@orange.fr
BECHET Laurent